Le retour à la source

Publié le par kindes

Là j'ai fais un texte qui ne correspond pas avec les thèmes que j'évoque d'habitude. C'était pour un concours dont le thème est "secret(s)" (rassurez vous je ne l'ai pas envoyé). C'est assez gore je doit l'avouer et en le relisant je me suis étonné moi même mais je le dédie à ceux qui aime ce style ... ^^' il est très peu probable cependant que je refasse un texte de ce genre ... le titre à été décidé un peu vite et n'évoque pas grand chose....

 

 

Seule, je l'avais toujours été. Détestée, j'arrivais à l'être sans rien faire pour. Aimée, je l'avais été autrefois ; avant la mort de mes parents.

 

Je m'appelle Marine. J'avais beau détester ce prénom, il était l'une des rares choses qui me reliait à mes parents. Je me souviens peu de la journée, qui avait été leur dernière, tant elle avait été banale. Je me souvenais cependant du chemin que j'avais emprunté ce jour là et du spectacle que j'avais trouvé ce soir de décembre en poussant la porte de la maison. Lorsque mes yeux s'étaient posés sur le deux cadavres empilés et face contre terre. J'avais tout d'abord pensé à une pile de vêtements. La nuit était déjà tombée à cette heure et la lumière du plus proche lampadaire ou de la lune ne pénétrait pas dans la pièce principale du logis aux volets clos. Le lent vol de quelques flocons de neige attirait soudain mon regard sur le sol et je vis les petites boules blanches se colorer en rouge sur le seuil de la porte d'entrée. Lentement, presque mécaniquement ma main s'était posée sur l'interrupteur. J'avais entendu le déclic provoqué par une légère pression sur le plastique froid et une lumière jaunâtre avait éclairé la scène macabre. Je me souviens de n'avoir pas crié mais de m'être lentement laissé tomber à genoux dans le sang encore chaud. Les bruits qui m'étaient parvenus avaient été furtifs : le crissement de mes ongles qui sur le mur à mesure que je m'affaissais, le clapotis du sang lorsqu'il rencontra mes genoux, puis le silence. Je me rappelle avoir senti les larmes couler doucement sur mon visage et après c'était le noir total. Je ne l'avais su que plus tard que je m'étais évanouie. Le même phénomène s'était produit le jour où mon chien était mort. Je suis ainsi faite, chaque fois qu'une immense tristesse m'envahit je tombe dans le coma. Les psychologues disent que c'est une façon de fuir la réalité. Personnellement, je préfère ça que de passer des heures à pleurer. N'allez pas croire que perdre mes parents fut pour moi le même traumatisme que de perdre un animal de compagnie. Lorsque ce dernier est mort, j'ai dormis pendant une nuit je crois, alors que mon second sommeil dura trois jours ! Lors de mon réveil j'étais dans une salle d'hôpital mal éclairée et mon lit était entouré de trois policiers, d'après leurs insignes, d'un médecin et d'une infirmière. Tandis que les deux personnes en blouse blanche me faisaient quelques examens pour vérifier ma tension, mon rythme cardiaque, un des hommes en veston noir me dit froidement que mes parents étaient morts et commença à me poser une foule de questions. Je pus répondre à pas mal d'entre elles mais aucune en ce qui concernait les horaires car j'avais moi même aucune notion du temps dans l'instant présent.

 

Après l'affaire fut classée faute de preuves et de suspects. J'ai déménagé chez mon oncle qui habitait quelques rues plus loin. Je pensais au départ que je pourrais continuer à vivre normalement mais les regard de mes camarades étaient devenus fuyants. Plus personne ne m'adressait la parole. J'ai finalement décidé de changer d'école.

 

En ce moment je ne sais pourquoi j'ai une envie forte de savoir qui a tué mes parents. C'est un peu étrange de vouloir des réponses après tant de temps mais je le sent au fond de moi, c'est devenu un besoin, une nécessité absolue... je décidais de partir le lendemain.

Je n'étais jamais revenue dans ma première maison depuis ce fameux jour de décembre. C'est lorsque j'étais encore à l'hôpital que mon oncle était allé chercher toutes mes affaires.

 

L'aube pointait à peine lorsque je me réveillais. Des cauchemars emplissaient chacune de mes nuits et j'étais arrivée à un stade où dormir était devenu une source de tourment plus que de repos. Je m'habillais en trainant un peu puis je pris mon petit déjeuner tout aussi lentement. Il était huit heure lorsque mon oncle se leva. Il n'était pas du matin, ça je l'avais compris au fait qu'il ne parlait jamais avant onze heure au moins. Je lui fis un signe de la main sachant qu'il détestait les embrassades inutiles. Mon oncle était un célibataire depuis toujours et c'est seulement en vivant avec lui que j'avais compris pourquoi. Il pouvait me complimenter sur mes notes scolaires ou sur un de mes croquis mais jamais il ne m'avait prise dans ses bras. En fait, je n'avais pas vraiment envie de proximité avec quiconque alors cela me convenait. Après lui avoir exposé le plan de ma journée, en omettant le passage à mon ancien chez moi, je traversais l'entrée. Empoignant au passage une veste et une paire de gants, j'ouvris la porte et sortis dans les rues peu fréquentées à cette heure. C'était une matinée un peu grisâtre d'octobre. Pendant que je marchais dans les rues pavées qui jalonnaient le quartier piétonnier où habitait mon oncle, j'observais la lente chute des feuilles couleur d'or et de miel sur la pierre aux teintes froides de la ruelle. J'aimais ce spectacle telle une lente pluie d'étoiles rouge sang, orangée ou jaune vif. Cela avait d'autant plus l'air d'une chute d'astres que les arbres qui m'entouraient étaient des érables.

 

Je m'arrêtais dans mes rêveries. Je me trouvais face à la porte que j'avais poussé la dernière fois, dix mois plus tôt. Je ne saisis pas tout de suite la raison de mon hésitation. Finalement énervée contre moi même, je poussais violemment porte et entrais. Avant toute autre geste mon réflexe fut d'allumer pour m'assurer que je n'étais pas en train de refaire un de mes horribles cauchemars et que j'avais réellement fais tout ce chemin. La pièce baignée de lumière, je remarquais tout d'abord la poussière accumulée ici et là. Rien n'avait changé si ce n'est les marques blanches au sol où se trouvaient jadis les deux corps. Je m'enfonçais un peu plus dans la salle de séjour. A pas lent, m'attachant à chaque détail, du moins c'est ce que pensais mais en fait les images qui défilaient dans ma tête n'étaient qu'une suite de scénario racontant comment mes parents avaient été égorgés. Aucun ne me paraissait cependant correspondre. Je m'enfonçais ensuite dans le couloir. Je vis la cuisine sur ma droite. Il y avait encore sur le feu un récipient qui avait surement contenu autrefois le repas de ce fameux soir. Un léger bruit de clapotement me fit regarder au sol : c'était l'eau de la salle de bain encore inondée. Lors de l'enquête on avait supposé qu'une des deux victimes prenait sa douche et qu'ayant entendu du bruit, elle était sorti précipitamment en oubliant le robinet. Aujourd'hui le robinet était fermé mais personne n'était venu éponger l'eau qui avait fini par croupir. Sans avoir ouvert la porte, l'odeur pestilentielle me donnait déjà la nausée. Je regardais enfin devant moi, au fond du couloir il y avait la porte de ma chambre entrebâillée et sur ma gauche, juste à côté de la salle de bain, celle de mes parents. Je n'avais plus envi de continuer. Je me sentais de plus en plus mal en ayant respiré l'odeur infecte. Pour reprendre mes esprits je me postais au centre des lignes blanches et je fermais les yeux quelques instants. J'entendis, les yeux clos, un déclic ténu mais je n'y prêtais aucune attention. Quelque chose de dur se glissa sous mon menton.

« Je suis venu finir le travail ! »

 

Cette voix que je ne connaissais pas provenait de derrière moi mais elle était si proche que j'eus cru qu'elle venait de mon fort intérieur. J'ouvris les yeux et entrevis la main de l'homme derrière moi et je devinais que cette chose dure et froide que j'avais senti n'était autre qu'une lame de couteau. Toutes mes pensées se suivirent à un rythme effréné. Cet homme voulait me tuer, « finir le travail » avait il dis, c'était donc lui l'assassin de mes parents ! J'étais bloquée, l'homme m'agrippait fermement. J'aurais dû écouter mon oncle lorsqu'il disait de ne pas retourner chez moi parce qu'un assassin revenait toujours sur les lieux de son crime. Sans dire un mot, il bougea légèrement la main qui tenait l'arme. Je senti le métal blanc s'enfoncer dans mon cou. Je ne pouvais plus respirer. Je crois que ma toute dernière pensée fut que certains secrets ne méritent pas d'être dévoilés.

Publié dans Ecris

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